Quatrebarbes Marie de
Jusque-là, elles ont su prouver le contraire - Ce qui secret 24 mai 2012, Marie de Quatrebarbes
 [un écho ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici, et ici]

 

 

Réduction-dissolution, lorsque formation et triage s’éprennent, constituent au fil de la cuillère de longs filaments.

De cela qui se perd, et dont il convient ici de taire le nom. Le premier pose un regard scrupuleux aux bordures, y attrape de plurielles ressemblances, des rivages ou rivaux signalent un point d’entrée, une façon de main-prendre quelque chose, substantiellement digressif et surgi de nulle part. Je ne saurais le dire s’il fallait l’inventer, ou serait-ce donner un indice palpable. Serait celui où commence et finit le triage, interrompt les secondes agrégées selon toute évidence au hasard d’un pluriel féminin.

Nous serions devant lui les différents assemblages - pluriels et féminins - qui se présentent à la tierce personne.

Seraient celui qui présume d’un nouveau lieu, invitation à entrer en feu de pagaille ou tison s’embrasant. Et pourtant. A forcer réduction-collision, le regard accoutumé adresse une ligne tendue dont nous sommes les seules destinataires. Et depuis ce jour-là, au prétexte qu’il faille avancer sans baisser la garde, du pluriel au second féminin, celui qui draine et convie, s’accoutume au poignard qui coupe dans la chair de vaines espérances. Comme le "e" ajouté en fin de mots dirige son faisceau vers un point de pleine envergure, subsidiairement là où il convient de poser la main, se forge presque aussitôt un non-advenu.

Vers ce elles auquel nous appartenons et que nous parcourons en tous sens, dans la plaine plurivoque et selon toute vraisemblance, à mesure qu’elles avancent, entonnent ou entament leur chant.

Au garçon qui se prête au jeu des contrastes, accepte des surfaces qu’elles se gorgent de boue claire et s’écartent inlassablement. Les journées se recueillent au fil du couteau, offrent un point de vue à l’ensemble. A l’unisson d’un cœur dont on dit qu’elles sont sœurs tout autant, jeunes filles qui battez la campagne, comprenez-moi bien. Vous n’êtes plus l’ombre de vos fleurs, prononcez des mots qui chahutent, un rien de mémoire qui vous porte plus haut que sillage. Virginale comme vous êtes, le temps vous gratte le dos, impose à votre échine une courbe nouvelle. Assaillies par l’urgence, comme elle glisse sur vos joues ensalées, un lieu saint aux desseins insolubles : débordements et revers s’y confondent.

C’est la loi primordiale mappemonde, dont les bords incurvés nous rappellent au rétrécissement, s’animent comme la joue sous le sang, à l’heure intacte de la réconciliation.

 

 

 

 

Fut-il proche - Marie de Quatrebarbes
 [un écho ici]

Elles avancent gentiment en se tenant la main. Elles se balancent d’un pied sur l’autre, glissent entre les branches comme des fruits mûrs. Elles devancent la forme et présument du fond, tracent sur le sol des lettres capitales, discutent des règles d’usage et s’arrêtent. Ce sont des anfractuosités libres.  Les enfants se retournent sur leur passage. Elles fonctionnent par paires successives, regardent le monde avec des yeux de béton, leurs cheveux flottent dans l’air comme une déclaration. Je sais ce que pleurer veut dire, et passer ses dimanches à balayer les pas de portes. C’est une fille un peu raide, surgie du cadre, cheveux noirs empesés, visage longs et percé de lumière. Elle serre les poings et son cœur se soulève. Elle dort toujours sous un manteau de feuilles. Sent passer sur son front les souffles mordants. Les carcasses chuchotent et mâchouillent des rires. Fleur-bombe explose sur le sol.

Je l’appellerai Dissidence, Station Imaginaire ou quelque chose de plus net, tranchant comme les coups de pieds dans le ventre des chevaux. Je l’appellerai Licencieuse Evidence. Je soulagerai les douleurs qu’elle transporte. Je sais ce que crier veut dire et s’asseoir au matin dans un champ de violence, défoncer à mains nues les coquilles des escargots. Je parle aux personnes qui explosent comme des boutons de roses, suintent sur le drap blanc des idées dissolues. Je parle aux enfants qui se tortillent sur les bancs des écoles, aux jeunes filles apprivoisées qui ont perdu quelque chose. Je parle pour ceux qui reposent sous l’herbe jaune.

Un point est une personne. C’est ce qu’on dit. Un point est une personne et c'est tout. C’est ce qu’elle dit en place et lieu, c’est cela qui lui fait tourner la tête et danser une transe arrêtée. C’est ce qui me frappe, comme cette danse immobile, ses gestes qui miment les mouvements qu’elle n’aura jamais. De la possibilité de l’urgence toujours remise à plus tard. Ça recommence à marcher. Ça commence toujours on ne sait où. Maintenant dit que tout cela se combine et admet des redondances de termes. Maintenant dit le ou. Que tout cela se complique et crée des interférences. Je travaille le cœur léger et les genoux fléchis à la recomposition du mouvement à partir d’une image. Je sais ce que courir veut dire et habiter les marges du milieu, avancer parallèle sous les crachas du silence et l’encre des seiches. Alors je te dis, petite fille, serre-toi de tes coudes. Arme-toi de patience, préserve ton champ de vision. Prends note de tout. Nous croirons sans doute que nous savons tout par avance. L’essentiel est de travailler le langage et ses berges glissantes. Rire du danger qui s’autonomise.

Je sais ce que stagner veut dire et entretenir des relations de formes avec quiconque et personne. S’il fallait tout recommencer, je dirais qu’en premier lieu un point est personne. Toute entité première est un marcheur en devenir. Toute entité seconde est un disque rayé. Toute matérialité sonore est un peu rayée. Ce sont les règles variables qui valent de toute urgence. Il y a de quoi monter aux rideaux de la petite enfance. Un pont de change est lancé pour que les enfants s’y arriment, les mains dans les poches et les pieds foulant les rebus. Ils ne savent pas comment s’y prendre, s’il faut se fendre ou défendre de quelque chose. Des sueurs déclinantes et petits coups de pioches. L’enfant danse la fin utile si proche. Futile proche ou lointain, la fuite est lancée, procède par coupes franches et coups de dés dans le réel. Futur proche ou lointain, je te signe, t’estampille. Je presse le silence et te dis : pourvu qu’il duraille. La tête à l’envers, fleur enlevée de toute urgence.

Je le dis souvent, souvenirs partagés et sueurs déclinantes. La fille continue de danser dans le son de ferraille. Une forme plus urgente émane de sa forme. Pourvu qu’elle duraille et elle dit : pourvu qu’il m’arrive quelque chose. Un objet aux contours flous, et au contact duquel (le ciel) se retourne. Un parfum d’éther dans les cheveux qui impriment au silence un déluge d’impressions et d’images-sœurs. Un livre ouvert sur les genoux et dans lequel je me présente, presse encore un peu les fleurs au partage, développe un million de thèmes dans une seule fleur. Couleur distante et tendue entre deux rives, et à la moindre rose (au moindre roman), chaque centimètre de la peau se fendille du temps écroué. Vain comme le présage de ma volonté. Journée déclinante, toujours (enfin) plus palpable. Appréhendée, disqualifiée, et de te le dire, de te retrouver en bout de réponse, immobile.
 

Marie de Quatrebarbes - Paris - 9 Janvier 2012
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