oui. laisse. laisse-toi. oui. laisse-moi un rien. laisse. moi un rien de toi qui te. laisse. pour nous. alors laisse-moi te voir encore. ce qui n’est déjà pas. rien. que je te garde. oui. je te regarde. déjà. alors. laisse-nous. tout de toi qui te. quitte. ce rien qui me. laisse. sans toi. laisse-toi sans moi. et toi laisse-moi nous quitter. te regarder encore. une première fois. comme toi. c’est moi que. tu regardes. ce moi que tu voulais déjà garder. un rien de nous. qui nous. laisse. encore. nous tout garder. car c’était ça. tout ce que nous voulions déjà avant que nous. fûmes. toi. et moi. car. ce n’était pas l’été qui nous avait laissé. mais hier. te voir déjà. hier encore. et tout te voir oui. et te revoir toujours. blanche. puisque l’été sans toi ce n’est pas tout.

oui. invente. un quoi. pour qui. pour ça. invente. pour que. tout. l’un. et l’autre. avec l’autre et l’un. avec. toi. invente-moi l’été. un autre été qui ne fut pas un rien pour toi. quand l’un était. avec. l’autre. ce presque encore était. avant que tout ce qui. fut déjà. ce pour. qui. toi et moi serons fêtés. avec l’autre. et l’un. oui. pour tout avec. et pour ce qui. comme toi. vois. ce rien du tout. d’après l’été. invente-toi avant. invente tout l’était qui laisse que je. regarde. avec. toi. quand nous l’avions laissé. pour nous revoir. ça. est tout. pour l’un. et tout. pour l’autre. ce qui pour nous qui nous invente. un rien de ça est fête. déjà. était. pour toi. pour moi. un tout de nous. un rien de fête qui nous inventera longtemps encore.

oui. donne. donne-moi à toi ce vers qui nous délaisse. qui nous. relie. ce verre que je renverse. ne tombe pas. ce pas de verre. qui tombe. un vers muet déjà. de quoi relire. l’autre. dans l’eau. oui. tu n’y es pas pour rien. quand l’un dans l’o du vers le oui que l’autre prononce i. renverse l’était. à oui l’hiver déjà qui blanchit tout. rien à relire. de ça. alors donné le tout. pour inventer celui qui va nous lire. encore qu’avant l’hiver ce n’était pas l’été qui tombe. pour tout relire. et tout relier. la feuille blanche. qui. pas à pas. redit qu’elle se délaisse. qu’elle fut ta tête. tu le vois bien. regarde-la un peu. et garde un peu tes pas d’hier. muets étaient pour toi. vas-y dans l’autre verser. et donne-moi ta valise rouge.

oui. bois. oui goûte ce verre. quand l’était tombe. bois. plus haut encore que tout. et plus tu bois le verre. et tout te donne de l’o. du oui. partout. du goutte à goutte. à travers moi. le toi du pas d’hier. tu n’y es pas là-bas. non plus. alors laisse-moi. dans l’eau du vers. au pas vers le matin j’irai dévaliser ce tout qui tombe en toi. on va bien voir ce que ça va donner. ça peut dejà blanchir ce qui est rouge. tu te rappelles. ce sang qui monte. alors en nous. quand il nous. garde. neufs. il est pour ça. ce long moment qui coule encore. il boit pour. nous. pour nous relier. il s’est encore donné à toi. et moi. voilà maintenant j’ai l’impression qu’il pleut. tu peux déjà laisser tomber ton beau bonnet dans l’eau du neuf.


oui. ne réponds plus de rien. à ce qui quoi. puisque c’est ça. tu sais qu’on ne répond pas à la neige qui monte en nous. tu sais que. répondre de rien est. encore et toujours. une fois. un oui. ce n’est pas ça. cette autre chose. l’une et l’autre comme deux j’ai. la mer et la rouille. qui l’une de l’autre est faite pour être chuchotée aux creux des vagues. aux creux des corps. on va bien voir vers le matin laquelle des deux est celle qui tombe en nous. j'ai encore plus que tout à toi à prendre. une goutte. tes pas dans la mer blanche jusqu'à moi. qui font. et fondent l'un en nous. je te l’ai déjà dit une dernière fois. un peu avant il y a longtemps. laisse. et sache boire la rouille qu'invente l’eau du verre qu’elle garde pour de bon.

Olivier Lamarque - Toulouse - 7 Janvier 2010
Maintenant le oui - Fred Griot
 

maintenant le oui
le oui oui
au ciel haut
aux bêtes mortes
aux landes ouvertes
aux terres froides
au rocher rude

au souffle
à la parole parole
à la parole respire
par le tube à souffle
aux lichens verts jaunes
aux ruisseaux froids
à la parole bête
à la parole de bêtes

au maintenant
maintenant le oui
aux marches
aux pas aux pas
aux pas encore dans la lande froide
aux pas dans la sente sentier
aux pas au rythme des pas
au rythme des pas et parole
au silence des pas
au silence des pas
dans la lande froide

le oui au corps marchant marchant
marchant encore
le oui à la boue
le oui à la lumière haut
le oui à la boue ici lumière haut

le oui à la pluie
le oui à l'orage sur la peau du visage
et au brouillard oui
aux buées de forêts
aux buées de sommets
aux buées de mers
le oui aux bêtes

le oui à la viande
au corps fait viande
à la parole faite viande
à la parole comme souffle frais
de viande
et oui pas autre chose
à la lang viande
à la lang hurle
à la lang dans la lande dans la marche
dans la viande faite marche

à la lang toute éteinte
trouée trouée
immensément trouée
terriblement trouée
si joliment trouée
et pleine oui de silence
maintenant oui le silence
le plus rien le enfin plus rien
dans la lande froide
maintenant

maintenant
le oui au seul
au bosser seul
au bosser seul sur le trou de ma table

au silence tout là
dans les trouées
à travers les trouées
sacrées trouées
et pourtant pas là
pas encore là
jamais tout à fait là
jamais

le oui parce que toi telle que
le oui parce que toi telle que dans la nuit
le oui parce que toi telle que dans l’aube quand
oui parce que toi telle que tu sois
oui parce que soi telle que toi dans le
oui parce que toi telle que oui
oui parce que toi
dans la
quand toi tu dors là dors
oui parce que toi lorsque
dans la nuit aube jour dors jusqu’au jour
oui parce que toi
quand le sol la lum sur ton visage
quand toi
oui
oui parce que toi tel que parce que toi oui

le oui
le oui ouvert
le oui sanglant ouvert
le oui ouvert grand
le oui accepte
le oui sans plus de lutte
le oui sur l'abandon
construit sur l'abandon
le oui grand
grand ouvert
le oui d'accueil
le oui d'ouvert
le oui d'accepte
le oui c'est
c'est
it is
juste là
oui c'est

le oui
maintenant le oui
au souffle

Fred Griot - Paris - 7 Janvier 2010
Corps en feu - Marc Perrin
 [un écho ici, et ici]

là où tu fais de la chair une surface abrasive, elle réplique :
je ne suis pas seulement là pour marcher

là où tu fais de la chair une surface abrasive, elle réplique :
je ne suis pas seulement là pour durer, et cependant
l’éternité est la seule valeur qui tienne en vie mon corps au présent

je suis
une lumière ténue
je suis une aspérité
à la face du soleil

je suis l’opéra des choses
et pas à pas
je suis ce pays défaisant pierre à pierre ses murs anciens

je suis la ruine de ses maisons vides et pas un corps n’est plus vivant que moi

je suis une incompréhension soudaine
pas plus
pas moins
je suis une très tendre incompréhension par laquelle ensemble nous accédons
à l’inédit
d’un vertige
sans maison
sans pierre

nos corps
savent très bien ce qu’ils font
toujours

nous sommes cette constellation très consciente
très concrète
et nous abolissons les espaces clos

nous sommes une rumeur des plus chaudes
nous sommes un gémissement de plaisir
dans les chambres éternelles
des grands déserteurs

nous sommes un mouvement d’amour insolent
orgueilleux
ricaneur
insouciant
et très conscient de l’état du monde

notre désertion : est très active dans le monde en son état
nos corps amoureux : sont des feux très concrets en action dans un monde sans État

 

_

 

ce qui brûle

et que tu aspires
ce que tu allumes
et que tu aspires
ce néant partout par lequel rien de toi ne sombre
ce manifeste plein d’orgueil
plein de lumière
que chaque jour tu rédiges
lumière
lumière
le soleil qui n’attend pas

et si rien s’oppose à ce qui est
chaque pas de toi se fait par la joie de ne rien achever

je perds enfin le sens de la vieille orientation
je marche enfin sans lumière préalable
je m’ouvre enfin à des jours sans savoir
enfin je ne cherche plus à retrouver

je suis en feu je le sais
chaque corps qui m’approche le sait

je suis en feu
je suis heureux enfin
mon corps
sait qu’il n’est pas seul dans ce feu
mon corps
sait qu’il est en feu car un autre corps est en feu
mon corps
sait qu’il est en feu car d’autres corps sont en feu
c’est ainsi
que le monde continue de vivre
par des corps en feu qui font l’expérience d’un bonheur insolent
au plein cœur du pire

 

Marc Perrin - Nantes - 7 Janvier 2010
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