Lâcher la pelle et le marteau - John Froger
 

Entre deux mondes je ne cesse d’être. Je m’en vais leur dire merde à ces deux-là. Sans ces deux mondes, mes mains seront vides, n’auront plus ces deux murs épais à pousser. Mon regard embrassera l’étendue du monde. Sans doute je ressentirai comme un vertige et je tomberai. Je resterai là un moment à goûter l’herbe, le goudron, la poussière, le lino… ce qui se présentera-là à ma bouche, à mon corps. Avant de me redresser et d’avancer. Sans œillères. Sans lunettes. Sans prothèse ni protection. Une immensité au paysage flou qui fout la trouille. Un vaste chantier sans maître d’œuvre. Putain ! Par quoi je commence. Lâcher ce que je tiens encore. Bon. Je me présente. Bonjour. Oui. Excusez-moi. J’avais la tête ailleurs. Voilà. J’y suis. Rassemblé. Enfin. Je parle. Nous parlons. Quelque chose va pouvoir commencer. Commençons. Le téléphone vibre dans ma poche. Là tout de suite je ne peux pas vous répondre. « Numéro privé. » Désolé là maintenant c’est un chantier public. Rappelez aux heures de fermeture. Être tout entier à l’œuvre sans en faire une nouvelle obsession. Sans besoin de remplir. J’imagine très bien que ce soit possible. Mais je vois très bien qu’hier c’était encore tout à fait impossible. Non. Justement non. C’était le monde d’hier. Comme lorsqu’on croyait que la Terre ressemblait à une galette bosselée entourée d’océans. On croyait qu’on pouvait atteindre les limites du monde alors qu’on entrevoyait seulement les limites de notre imagination. L’orgueil humain, lui, était illimité. Il l’est encore, déplacé. L’homme s’exprime en se mesurant au monde. À croire que la liberté d’expression est née d’un corps de femme. Et que l’homme l’a réduite à son orgueil. C’est con. Surtout c’est toujours navrant d’écrire, sachant bien qu’on ne parle que depuis soi mais avec tout de même l’ambition d’en sortir, et de s’entendre dire par soi-même qu’on ne fait que rendre plus important son sujet. Rien de tel pour vous couper l’herbe sous le pied. Rien de tel pour inhiber la liberté d’expression que vous mettiez au travail. Vous cherchiez à parler librement, sans vous cacher, sans vous répandre non plus, et vous vous retrouvez encore à vous mesurer au monde. Je retrousse mes manches. Du temps, j’en ai. Je mesure là où j’en suis. Et je vais, faisant quoi je ne sais, mais sachant désormais que rien de vivant pour moi ne se fera sans toi.

John Froger - Nantes - 1 Juin 2009
Monsieur, maintenant, Monsieur - Olivier Bardoul
 [un écho ici, et ici]

A — Monsieur, prenez place ici, je vous prie.
A — Faites comme chez vous, Monsieur.
A — Asseyez-vous, un instant, je suis à vous, Monsieur.
A — Oui, Monsieur, bien entendu, nous allons donner suite. Attendez là s’il vous plaît.
A — Votre tour viendra, Monsieur, n’ayez crainte.
A — Vous êtes le profil même de celui que nous recherchons. Ne vous l’a-t-on pas encore dit, Monsieur ?
A — Un instant, on va vous recevoir.
A — Patientez encore … encore quelques minutes. Vous savez ce que c’est.
A — Tout va bien se passer, entendons-nous bien, c’est votre tour bientôt, je vous le promets.
A — Vous ne serez pas mal loti ici, vous savez.
A — Tout de suite, je vous tiens informé.
A — Ici, maintenant, c’est le moment, vous êtes prêt, vous ? Accordez-nous une ou deux minutes et …
A — Oui ! Un moment je vous prie.
A — Vous pouvez vous rasseoir, vous serez averti, on va vous prendre en charge, n’ayez crainte.
B — Monsieur, oui vous Monsieur, vous attendez depuis un moment déjà. C‘est vous n’est-ce pas ?
B — S’il vous plaît, ne restez pas dans le hall, passez à coté, je vous prie. On va vous recevoir, incessamment sous peu.
B — Que puis-je faire pour vous ? Vous attendez et ? Un instant s’il vous plaît. Oui, j’écoute ?
Bien Madame, voilà qui est intéressant, nous allons pouvoir en discuter. Merci bien, ne quittez pas.
B — Monsieur, Monsieur ! Je suis à vous le temps de traiter cette affaire au téléphone.
Surtout ne vous impatientez pas, Monsieur.
B — Voilà, je vous l’assure, nous allons vous recevoir dès que possible.
B — Asseyez-vous, Monsieur. Allô …
C — Monsieur, Monsieur, permettez moi, Monsieur …
C — Ça fait un moment n’est-ce pas ? Dites-moi ?
C — Permettez… un conseil, détendez-vous, ça vous aidera à temporiser.
C — Vous attendez depuis longtemps ?
C — Décontractez-vous, Monsieur. Je disais ça …
C — Maintenant …
C — Si vous voulez, Monsieur, parlons-en.
C — Oui, je vois … vous souhaitez une réponse, cet entretien a de l’importance à vos yeux, je n’en doute pas.
Un conseil : Soyez patient !
C — Et depuis quand déjà ?
C — Depuis si longtemps, vraiment ? Je comprends.
C — Comme vous voulez mais il faut être patient. Vous savez oh combien aujourd’hui les places se raréfient.
C — Avez-vous essayez de vous adresser à côté ? La concurrence, oui ! Ils pourront au moins vous renseigner.
C — … vous donner l’opportunité, qui sait ? Ils trouveront bien un moment.
B — Monsieur, permettez, Monsieur !
B — On va vous recevoir, c’est entendu.
B — Maintenant, là, c’est difficile de vous dire dans combien de temps exactement.
B — Comme vous voulez, Monsieur, bien, Monsieur. C’est bien normal, Monsieur. En effet … naturellement, Monsieur.
A — Monsieur, vous partez, Monsieur ? Vous êtes attendu pourtant.
B — Oui mais … Monsieur patiente depuis …
A — Plus pour longtemps, Monsieur, détendez-vous.
A — Vous avez un profil épatant, ça ne devrait plus tarder, bientôt, vous savez.
B — C’est aussi mon avis.
B — Et si vous attendiez dans le hall un instant. Non ? Vous n’avez pas le temps, vraiment ?
A — Comme vous voulez. Mais je serais à votre place … maintenant, à vous de voir.
B — Même plus un moment à nous accorder là ? Comme c’est dommage.
A — Plus pour longtemps longtemps maintenant … pourtant.
B — Bien, dans ce cas repassez nous voir, Monsieur, nous étudierons votre proposition avec grand intérêt, vous savez.
B — Quand nous serons plus à même de vous recevoir. Excusez-nous encore, et soyez patient, à bientôt, Monsieur.

Olivier Bardoul - Nantes - 29 Mai 2009
12 mars 2010 - Marc Perrin
 

 

 

être dans
être dans un

comme si nous
comme si un
dans nous
non
pas comme
non
pas comme
ne sommes pas
non
pas comme

sommes
c'est tout
non
pas tout
ne sommes pas
tout et sommes
et pas seulement

 

 

Marc Perrin - Nantes - 12 Mars 2010
Nous nous mangeons - Jean-Marc Savic
 [un écho ici]

Jean-Marc Savic - Nantes - 9 Janvier 2010
Corps en feu - Marc Perrin
 [un écho ici, et ici]

là où tu fais de la chair une surface abrasive, elle réplique :
je ne suis pas seulement là pour marcher

là où tu fais de la chair une surface abrasive, elle réplique :
je ne suis pas seulement là pour durer, et cependant
l’éternité est la seule valeur qui tienne en vie mon corps au présent

je suis
une lumière ténue
je suis une aspérité
à la face du soleil

je suis l’opéra des choses
et pas à pas
je suis ce pays défaisant pierre à pierre ses murs anciens

je suis la ruine de ses maisons vides et pas un corps n’est plus vivant que moi

je suis une incompréhension soudaine
pas plus
pas moins
je suis une très tendre incompréhension par laquelle ensemble nous accédons
à l’inédit
d’un vertige
sans maison
sans pierre

nos corps
savent très bien ce qu’ils font
toujours

nous sommes cette constellation très consciente
très concrète
et nous abolissons les espaces clos

nous sommes une rumeur des plus chaudes
nous sommes un gémissement de plaisir
dans les chambres éternelles
des grands déserteurs

nous sommes un mouvement d’amour insolent
orgueilleux
ricaneur
insouciant
et très conscient de l’état du monde

notre désertion : est très active dans le monde en son état
nos corps amoureux : sont des feux très concrets en action dans un monde sans État

 

_

 

ce qui brûle

et que tu aspires
ce que tu allumes
et que tu aspires
ce néant partout par lequel rien de toi ne sombre
ce manifeste plein d’orgueil
plein de lumière
que chaque jour tu rédiges
lumière
lumière
le soleil qui n’attend pas

et si rien s’oppose à ce qui est
chaque pas de toi se fait par la joie de ne rien achever

je perds enfin le sens de la vieille orientation
je marche enfin sans lumière préalable
je m’ouvre enfin à des jours sans savoir
enfin je ne cherche plus à retrouver

je suis en feu je le sais
chaque corps qui m’approche le sait

je suis en feu
je suis heureux enfin
mon corps
sait qu’il n’est pas seul dans ce feu
mon corps
sait qu’il est en feu car un autre corps est en feu
mon corps
sait qu’il est en feu car d’autres corps sont en feu
c’est ainsi
que le monde continue de vivre
par des corps en feu qui font l’expérience d’un bonheur insolent
au plein cœur du pire

 

Marc Perrin - Nantes - 7 Janvier 2010
2 janvier 2010 - Marc Perrin
 [un écho ici, et ici, et ici]

 

 

ce qui va
et passe
passe devant, passe
ce qui va
et tient
[lente approche
d’une nouvelle danse
d’un nouveau chant]

dans les espaces entre

 

 

face à l’étendue
muette
face à l’étendu de l’espace dont nulle fin visible
dans la lumière
au bord du vide
sans la parole
enfant [un livre d’enfant, une salle de classe, une salle vide, une salle qui se remplit, un espace qui grandit, ils sont bien sages, c’est le matin, ils sont de plus en plus nombreux, c’est la nuit maintenant, c’est une nouvelle nouvelle place dans l’espace : c’est un lieu d’où vivre le monde tout autrement, c’est en même temps un temps très intérieur et tout l’espace derrière qui s’ouvre : la ville : ici aujourd’hui, Nantes, c’est un lieu clos ouvert sur le monde, c’est un jour]
avec le regard qui sait ce qu’il voit
avec le regard qui ne trompe pas
avec le regard qui sait ne pas voir tout
avec le regard qui sait savoir peu
juste avant le vide
juste avant le saut

déjà depuis longtemps dans l’infini
ivresse inédite
déjà dans le saut
déjà dans le vide

dans le vertige depuis longtemps
dans la vitesse animant le vertige
un corps ouvert

 

 

sans les livres
après les livres
avec les livres
vivant dans l’oubli des anciens
vivant dans l’inutile oubli
vivant avec eux

ouvert dans un combat sans refus
corps ouvert dans l’ivresse de chaque nouveau geste
ouvert un corps ouvert


 

articulant chaque mot
vivant chaque mot comme un pas

poursuivant la marche de pas en pas
chaque pas : pas du tout comme un mot
chaque jour : pas du tout comme une phrase
articulant : un mouvement sans fin vers l’adéquat

avançant, avançant
chaque jour avec un nouvel air pour continuer

avançant vers l’ouvert

 

 

poursuivant le tracé d’une ligne fragile
incessamment
obstinément
avec amour
bonjour

 

 

déjouant les liens anciens
défaisant les vieilles règles des vieux combats
esclaves et maîtres adieu

aujourd’hui fleuve inédit


...

 

dans une attente
par laquelle perdre enfin tout
avec le ciel espace néant au-dessus
avec dans les poches les dernières pièces d’argent avant la nouvelle monnaie
avec la tête
avec les animaux
dans la ville
dans la nuit
avec un chien qui accompagne et vient en aide quand nécessaire
avec un corps pas seulement animal
avec l’envie de rendre tout
ce qui a été
trouvé
ce qui a été
donné
avec l’espace autour néant habité
jouant sans soucis de gagner
rejouant sans soucis de faire
travaillant sans crainte d’oublier
travaillant léger, léger
rires
travaillant à oublier
travaillant
sans rien avoir à gagner
pensant à l’espace autour
sans penser pensant le partage des idées contre le partage des corps
sans penser pensant le partage des corps comme le partage des idées
dans la très grand soif
dans le très grand froid
dans la plus vive lumière
[lire = silence, je répète : lire = silence, ramenez-vous, je glisse, venez tous, venez glisser, venez glisser (entre parenthèse, juste un instant)]
dans la très vive altération
dépensant les dernières pièces d’argent
étant tout entier occupé par la dernière phrase du maître
délivrant la dernière phrase

 

...

 

derrière une membrane
séparant le corps du monde
le corps
les yeux
la parole
un seul monde

présence du corps dans un seul monde
simultanéité de la présence des corps
simultanéité de la présence des mondes
multiplicité
connexion permanente
multiplicité des mondes et des corps en train de vivre
connexion permanente

l’État : n’est pas un monde
les corps ne sont pas des images
les corps sont des mondes avec des yeux, une parole, des bras, des jambes, un sexe
chacun
et ce que j’oublie
et ce que je ne vois pas
et ce que l’impossibilité à tout voir ou à tout dire ou à tout lire
me fait voir
me fait dire
me fait lire
me fait :
avec espace et temps et corps tels qu’avec eux je
tels qu’avec eux chacun
tels qu’avec eux nous
entre tel et tels et avec tel et tels

sentir
écouter
toucher
étreindre
pénétrer
danser marcher courir

solitude joie vers toi
sans retour possible
ivresse

animal

 

...

 

il n’y a rien de caché dans la terre
c’est à la surface que les corps sont actifs
c’est à la surface que les corps se parlent
c’est à la surface que les corps se sentent
c’est à la surface que les corps s’écoutent
c’est à la surface que les corps se touchent
c’est à la surface que les corps s’étreignent
c’est à la surface que les corps dansent et marchent et court
regarde ils volent
où sont-ils
où sont-ils
où sont-ils

 

...

 

c’est l’immensité, c’est l’infini, c’est tout
c’est l’enclos, c’est le fini, c’est tout

 

...

 

c’est à la fois dans la trachée l’air et la parole
c’est une voix nécessaire qui sort afin que le corps respire
c’est une voie nécessaire par laquelle entre et sort un corps
c’est l’intérieur des cuisses et la peau
c’est une affaire de langue et de lente venue
c’est l’intérieur d’une affaire


...

 

c’est si léger, c’est à peine
ainsi ça s’envole ainsi ça vit

 

...

 

c’est
inondé par le plaisir
ce corps n’est plus un corps il est
inondé par l’intensité d’un calme
inédit
ruisselant dans l’abandon ce corps est un corps
il
reste un corps il excède
le corps
par le plaisir
oui
il excède oui qu’il excède

 

...

 

J’aime travailler
J’aime être l’esclave de ce que j’aime
J’aime prendre des chaînes et m’enchaîner à mon amour
J’aime parler déchaîné en faisant l’amour
J’aime avoir quatre ans et les yeux clos en faisant l’amour
J’aime ce voyage et ce silence
J’aime ton sexe en voyage dans ce silence
J’aime ton sexe en voyage dans cet éclat
J’aime cet éclat dans ton sexe

 

...

 

deux voix, deux corps légers et vifs
chantent et dansent font l’amour
ou

 

...

 

là où il le faut
un lieu où la question ne se pose plus

là où il le faut
la réponse par les corps

 

...

 

où que tu regardes alentour, désormais
des éoliennes, et plus aucun crucifix

 

...

 

c’est quand je le dis à voix haute que je comprends ce qui est écrit
c’est quand je le dis à voix haute que le son vient et que son et voix révèlent un sens que j’étais incapable d’entendre dans le muet

 

...

 

je ne comprends pas
je ne peux pas t’en parler
je voudrais t’en parler
je suis venu pour ça tu sais peut-être on pourrait faire autre chose
oui oh oui autre chose
je ne comprends pas
je ne comprends pas
j’aime ça
je crois que c’est ça

 

 

ce qui tient dans ce qui cherche

 

...

 

et nous défaisons la vieille trinité car elle n’est pas défaite
nous défaisons la vieille dialectique car elle n’est pas défaite
nous défaisons la vieille identité car elle n’est pas défaite
nous ne sommes ni un ni deux ni trois
nous arrêtons de compter

 

 

dans les murs et dans le sol de la fonderie
des trous
des barres de métal qui sortent du béton
l’envie de jouer
de venir jouer
je viens jouer
je joue
ici
entre zac et autoroute
dans les ruines du bâtiment abandonné
mémoire d’un peuple dans les trous
et l’hypermarché
dont l’enseigne éclaire à la ronde

 

 

libre avec ce dont il ne veut pas se défaire

libre avec ce à quoi il croit
ce dont il ne peut se défaire et qui n’existe pas

libre si ça existe

 

 

réponse
par ton corps
avec les lettres des mots qui formaient la question tu formes d’autres mots pour une réponse qui ne peut se lire que dans le temps de ton corps se déplaçant de lettre à lettre écrivant la réponse par la seule marche à la surface de la terre

 

 

dans cette maison sombre
le corps d’un enfant qui veut chanter
dans le vacarme des machines
les murs fragiles d’une demeure
au dehors : tout tremble
les murs fragiles d’une demeure dont tout tremble au dedans
le chant
est ce moment où la voix quitte le corps
le chant
est ce moment où la voix vibre dans le monde
le chant
est un cristal très calme
impensable dans un monde impensé
le chant
est un impensable
le monde vibre

 

 

c’est le fil tendu
chaque jour
c’est un nouveau fil
c’est chaque fil de jour en jour tissant un maillage pas fait pour durer
c’est heureux
à chaque fil c’est heureux

 

 

il voit
il sent
il veut
il ne sait pas
il saura
il dit :
savoir est un acte au futur

 

 

les deux enfants jouent devant le mur de la maison
ils tracent dans la terre sèche des routes par lesquelles ne pas revenir
ils inventent un nouveau jeu le lendemain

 

 

la porte, celle de la maison
des pas, dehors
la porte, celle de la voiture
la clé
le contact
le moteur
la route
les bruits intérieurs
l’habitacle
la voiture qui ralentit
le moteur que l’on coupe
la porte
les bruits de pas dans une forêt
la marche dans la forêt
un lieu
un lieu dans la forêt
un arrêt
un silence

et maintenant, quelle arme ?

 

 

Nos murailles, maintenant, nos contours et les parcours qui vont de nos corps à nos corps, les partances, les courses et finalement les frayeurs enjouées, oui, nous disons oui : à la frayeur enjouée nous disons oui.
Nous sommes désormais chacun ce corps disponible à la plus belle des frayeurs : offerte à ce qui va : d’un cœur à un cœur, de multitude en multitude, de corps en corps : ici : multitude de nos cœurs : voyez-vous ces petites bulles qui s’échappent de nos têtes ? Voyez-vous ? Oui. Nous voyons. Oui. Nous sommes ce corps très multiple dans les petites bulles d’air libre qui s’échappent de chacune de nos têtes. Nous sommes cette basse continue qui dans les allées et venues et dans les déplacements dessinent des trous par lesquels nous parions : il existe au centre, il existe aux périphéries, il existe par la multiplicité des centres : un vertige dans lequel nos corps ouvrent les lieux.

Marc Perrin - Nantes - 2 Janvier 2010
Ce que je vois - John Froger
 

Un regard enveloppé d'un drapé vert. Du vert et du noir. Un drapé qui couvre le visage pour ne laisser voir que ce regard dont j'ai oublié les yeux. C'est fou comme il faut que je me concentre pour me souvenir de la couleur des yeux de qui que ce soit ! Toujours un doute. Mon regard fuyant. Vers le monde. Non. Pas son ciel éblouissant où l'œil voyage sans jamais pouvoir se fixer. Non. J'ai regardé le monde d'en bas où l'œil se fixe, où le regard est pris, où le regard se perd, où le regard en arrive parfois à se dégoûter du monde. Et j'ai fermé les yeux.

C'est fou comme on peut se rendre aussi inaccessible qu'une image ! Des visages comme les objets, comme toutes ces images dont les rues sont remplies. Beaucoup de bruit. Des mots sur des images. Et la pensée qui en rajoute. Des mots qui parlent manquent cruellement dans ce brouhaha d'images. J'ai besoin qu'on me parle. J'ai besoin que ça parle.

J'ai pris la parole. J'ai dansé ce que je ne pouvais pas dire. Ma parole ! Je n'ai jamais été aussi seul, non, je ne me suis jamais senti aussi seul qu'en prenant cette parole-là qui manquait cruellement de mots. Comment ai-je pu ne pas pleurer cette solitude intérieure toutes ces années ? Où étaient mes larmes ? Dire qu'elles auraient peut-être obligé ma parole à sortir des chemins où elle se terrait, bien à l'abri de ces regards qui savent écouter. J'ai gardé mes larmes pour ne pas avoir à parler, pour rester une image. Inaccessible. Pour m'enterrer vivant dans avec pour mon mystère.

Donner une parole au silence. Comme si la Loire ne suffisait pas. Comme si l'immensité du ciel et de la mer ne suffisait pas. Comme si un regard ne suffisait pas. Comme si l’orgueil aveuglait.

Je regarde la danse et je parle. Je regarde la vie et je parle. Je dis ce que je vois, crois voire, pense voir ou n'ai pas vu. Prendre le risque de parler. Enfin. Ma parole.

Comment peut-on laisser quelqu'un tranquille quand même il le demande alors qu'il est là, alors que sa présence silencieuse nous appelle et nous intrigue ? Toutes ces fois où je retiens ma parole. Je ne les compte pas. Si encore j’étais trop attentif à laisser la place à la parole d’autrui. Et comment ne pas voir toutes ces fois où l'autre ne me parle que pour se vider, se décharger d'une obligation, d'une politesse, d'un besoin ? Comment ne pas voir toutes ces fois où l'autre me parle sans désir ? Je ne le vois que trop, que je suis trop sensible. Une parole expédiée, même souriante, est une parole expédiée, blessante. Sans retour possible. Une parole prise par le besoin. Comme un chien qui aboie.

J'ai besoin qu'on me parle, que le désir parle. C'est fou comme je retiens encore ce désir que j'ai de parler ! Comme si je n'arrivais pas à lâcher mon jeu avec la folie alors que je n'y crois plus. Comme si le jeu de la danse cherchait encore à se mêler à chacun de mes mots. Comme si j'étais encore pris par ce regard obsédant, par mon regard sur ce regard. Et pourtant, je vois mieux cette obsession du regard qui m'empêche de voir mon désir de dire ce que je vois avec des mots qui parlent, qui s'échangent, se prennent pour d'autres, s'emmêlent, se disputent, s'emballent, s'enthousiasment et voyagent bien au-delà de l'étendue de mon regard.

 

John Froger - Nantes - 8 février 2009
Les trois premiers jours - Marc Perrin
 

Le premier jour. Tu es face à l’étendue muette. Espace. Tu es face au flux et reflux du mouvement des vagues. Tu es dans la lumière, vive. Ciel blanc bleu, chaleur. Tu es en haut d’une falaise et face à toi l’étendue muette. Pas besoin de parler, ici. Le regard sait tout. Le regard, et le corps tendu dressé vers le blanc bleu. Dans la chaleur. Dans l’imminence du saut. Tout le possible face à toi. L’ivresse de le savoir, ou de le sentir, est la première ivresse. Tu la multiplies maintenant par le premier geste. Tu sautes.

Le deuxième jour. Tu refermes les livres. Tu sais que la page est pauvre et morte sans le corps. Tu refermes les livres. Tu oublies tous les noms anciens. Pas la peine. Inutile. Sont avec toi. Tu cesses le combat du refus. Dans l’oubli des livres. Inutile. Dans leur vie effective enfin par le corps et l’ivresse du nouveau geste. Là oui.

Le troisième jour. Tu articules un mot qui entrave ta marche. Tu formes un mot inadéquate qui t’empêche de respirer et te noue bien les jambes entre elles. Tu ne peux plus avancer. Tu manques d’air pour continuer. Le mot formée prend toute la place dans la bouche. Tu ne peux plus l’articuler. Tu ne peux plus parler. Tu ne peux plus marcher. Tu ne peux plus respirer. Cracher le mot. Vite. Cracher le caillot de sang mort qu’est devenu le mot. Cracher la mort une bonne fois. La mâcher. Bien la mâcher. Puis la cracher. Défaire l’entrave. Articuler un nouveau mot. Le même, mais sans le nœud. Maintenant. Le mot défait. Le faire tien. Maintenant. Pouvoir le donner. Ainsi : le mot défait-refait passe d’un corps à l’autre sans qu’il ne soit plus nécessaire à quiconque : ni de faire, ni de défaire, ni de refaire. Maintenant, corps et mots sont ouverts.

Marc Perrin - Nantes - 21 Mai 2009
Dorénavant - Olivier Bardoul
 

A — Salut.
B — Salut … Que fais-tu là ? Tu attends que le ciel te tombe sur la tête ?
A — Non, j’attends que l’argent tombe du ciel.
B — Et s’il te tombe sur la figure. Ah ! là, tu risquerais de perdre la tête !
A — Ah oui ! Alors j’irais plutôt le chercher sous le sabot d’un cheval.
B — Oui mais …
A — Quoi ?
B — Bien, si le cheval se cabre et qu’il t’envoie son sabot à travers la façade.
A — Oh là, ça va faire mal !
B — Bien oui.
A — Alors, il y a une autre solution.
B — Ah oui, laquelle ?
A — J’irais voir au milieu de la ville, le soir, s’il n’y a pas de l’argent jeté par les fenêtres.
B — En effet, c’est une solution, mais admettons …
A — Quoi donc ?
B — Supposons qu’à la ville, on préfère te jeter des dettes ; ou si à la place, tu reçois de l’argent sale.
A — Ah … c’est le risque.
B — Un risque … un gros risque !
A — C’est du lourd, oui.
B — Eh oui …
B — Alors, je dresserais un chien afin qu’il m’évite les mauvais coups et s'il a du flair, qu’il renifle les bons !
A — "L’argent n’a pas d’odeur" dit-on …
B — Et si je trouve le bon filon !
A — D’argent ?
B — Oui !
A — Il te faudra le rendre.
B — Le rendre … et pourquoi ?
A — L’argent ne fait pas le bonheur !
B — C’est vrai … Alors, j’en emprunterais.
A — Essaye donc !
B — Ça se discute ? Tu crois.
A — Ça !
B — Et si je joue et que je gagne beaucoup !
A — Tu gagneras le droit de rejouer, au mieux.
B — Quelle affaire ! Alors, comment faire ?
A — Faire quoi ? De l’argent ?
B — Oui, de l’argent !
A — En travaillant.
B — Ah, ah, ah. Sans rire. Tu ne connais pas un moyen plus commode et plus réaliste.
A — Si.
B — Alors ?
A — Avoir de l’argent, c’est le meilleur moyen d’en faire.
B — Quel intérêt, si l’on en a déjà?
A — C’est là tout l’intérêt … justement.
B — Je vois, malheureusement …
A — Tu as une autre idée toi ?
B — Une idée ça vaut de l’argent ?
A — Ça dépend, bien souvent ça ne vaut pas grand chose.
B — Pourtant des idées j’en ai contrairement à …
A — Oui bien, allons les partager ces idées. Tu n’as pas soif ?
B — Si, c’est toi qui invite ?
A — Je ne partage pas. Chacun paye sa part, non ?
B — Autant boire seul chez moi, ça me coûtera moins cher.
A — Si tu le prends comme ça ...
B — Non, ce n’est pas ça, mais je suis occupé … préoccupé là, tu ne vois pas ?
A — L’argent … toujours … une obsession !
B — Non … dorénavant, je cherche mon maître.
A — Voyons, ni Dieu ni Maître, ici-bas … et pourquoi ?
B — Pour être initié à une vie sans entrave, libre, sans engagement ni argent.
A — Et qui ? dis-moi, t’apprendrait cela? Ton maître, s’il existait, tout juste s’il réussirait à te faire oublier que tu n’es pas riche de biens matériels et …
B — Et comment ?
A — En te faisant gagner suffisamment d’argent pour que tu le payes ou je ne sais …
B — Ah tiens ?
A — Bon, je te quitte là.
B — Pourquoi ? On s’entend bien.
A — C’est vrai, c’est  vrai … mais le temps passe.
B — Le temps ?
A — Oui, le temps ! Et comme chacun sait, le temps … c’est de l’argent !
B — Oh !!!

 

Olivier Bardoul - Nantes - 2 février 2009
Quelqu'un, janvier 2009 - mai 2009 - Marc Perrin
 

01.01.09, 17h29
belle année à toi, et à bientôt

01.01.09, 17h31
belle année à tous les deux, belle année à tous les quatre

01.01.09, 21h54
belle année à toi, et à samedi

02.01.09, 00h06
es-tu allé voir Lorenzaccio, je suis de retour à Nantes, bonne nuit

05.01.09, 18h08
excellent prétexte pour ouvrir les mardis soirs en février, les mercredis en mars, mais d’ici là, nous nous voyons quand, cette semaine aurais-tu du temps, je t’embrasse

06.01.09, 14h07
suis là

06.01.09, 14h09
jeudi soir je vais voir quelqu’un qui danse, on y va ensemble si tu veux

06.01.09, 18h21
20h30, et avant tu peux passer chez moi, est-ce que je te réserve une place

06.01.09, 18h26
est-ce que tu passes chez moi avant, si oui dis-moi juste l’heure et j’y serai, à jeudi

07.01.09, 12h59
dis-moi si c’est bien vendredi soir votre crémaillère, j’ai un doute, et belle année à toi

07.01.09, 14h11
oui, à demain

08.01.09, 16h21
pas possible, est-ce que tu peux le 15

08.01.09, 16h26
le 15 à 21h00 chez toi, très bien

08.01.09, 16h28
je t’embrasse

11.01.09, 20h30
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

11.01.09, 20h34
merci

11.01.09, 20h38
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

11.01.09, 20h44
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

11.01.09, 20h46
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

11.01.09, 20h54
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

11.01.09, 20h57
bonjour, c’est quoi ton adresse postale, je t’embrasse

13.01.09, 12h18
ça y est, je l’ai retrouvé

16.01.09, 12h05
petite salle, mercredi, à 21h30, d’accord, à mercredi

16.01.09, 19h18
lundi à 16h00 chez toi

20.01.09, 11h28
et un bonjour de Nantes

21.01.09, 20h52
dans 20-30 minutes

28.01.09, 17h38
à tout à l’heure

28.01.09, 18h06
19h00, aujourd’hui à l’Atelier, rue Chateaubriant, j’y vais

28.01.09, 18h49
au début de la rue Paul Bellamy, première à droite

29.01.09, 19h49
d’accord

07.02.09, 13h11
hélas envahi par un boulot que j’ai à rendre pour lundi, je n’ai pas pu venir hier soir, y a-t-il d’autres dates, bons jours à toi

13.02.09 19h21
j’arrive

15.02.09, 09h29
un petit marché vers midi

15.02.09, 09h30
un petit marché vers midi

15.02.09, 09h32
alors je t’embrasse

15.02.09, 09h44
je t’appelle

17.02.09, 19h35
bonjour, pensées vers vous, mais ce soir je risque de ne pas être très disponible, c’est un mardi où je reçois, mais si tu as besoin, n’hésite pas à m’appeler, sinon je t’appelle demain soir, je t’embrasse, je vous embrasse

20.02.09, 15h20
pour une lecture, ça peut intéresser quelqu’un, voici son numéro de téléphone

22.02.09, 10h49
pour ce soir, option huîtres et lapins, est-ce que tu manges des huîtres

24.02.09, 11h38
réponse 5, à tout à l’heure

24.02.09, 18h24
je vous embrasse depuis Lorient, entre la générale hier et la première tout à l’heure

26.02.09, 19h41
bonjour, mon téléphone était en mode silencieux, se voir demain chez moi à partir de 19h00, si ça te va, j’y serai

27.02.09, 12h21
faute de pouvoir venir ce soir, des pensées vers toi et vers vous

27.02.09, 18h26
oui oui

28.02.09, 11h08
des pensées vers toi et vers vous pour tout à l’heure, je t’embrasse

02.03.09, 22h59
et demain Badiou est à Saint-Herblain à 15h30, est-ce possible pour toi

11.03.09, 10h05
oui oui oui, je t’appelle quand je suis en bas de l’immeuble, vers 15h00, 15h30

11.03.09, 10h18
oui

11.03.09, 15h17,
interception, à ce soir

12.03.09, 11h42
est-ce que je fais des boulettes de viande ce soir, je m’en occupe si ça te tente

13.03.09, 23h20
le téléphone était coupé vers 19h00, puis avec un carton plein de livres je suis rentré et plus le courage de ressortir, avec un train demain bien matinal, on se sera manqués cette fois, belle fête demain, je t’embrasse

14.03.09, 10h44
bonjour, bien reçu ton e-mail, hélas non pour ce soir, je suis déjà dans le train en direction de Toulouse pour une lecture ce soir, je t’embrasse, et à une prochaine fois plus calme

14.03.09, 11h27
bonjour, j’arrive à 13h30, y aura-t-il quelqu’un chez vous dans ces eaux-là

14.03.09, 11h35
volontiers, oui

14.03.09, 11h51
bonjour, est-ce que je peux amener des revues et des livres tout à l’heure, y a t-il de la place pour

14.03.09, 12h37
et chaleur que tu sois là, à bientôt ami, je t’embrasse

15.03.09, 23h42
un peu tard à cette heure-ci pour t’appeler peut-être

18.03.09, 17h14
je prépare de quoi manger pour ce soir, on ne s’était rien dit à propos de ça je crois, à tout à l’heure

20.03.09, 15h54
et d’écouter Les petits enfants en t’écrivant ces quelques mots, pensées

21.03.09, 10h21
je dois être de retour chez moi pour 12h30, on peut se retrouver à 11h00 à Talensac, est-ce que c’est possible pour toi

21.03.09, 10h44
chez moi à 13h00, d’accord, comme ça ce sera moins la course

21.03.09, 11h03
veux-tu amener quelques huîtres

24.03.09, 22h33
peux-tu m’envoyer le numéro de téléphone de quelqu’un, crois-tu que je puisse l’appeler maintenant, je t’embrasse

03.04.09, 20h22
c’est maintenant qu’il faut reprendre vie, relisant le début de Cercle

04.04.09, 19h56
je décolle de Nantes maintenant, j’arrive

07.04.09, 15h42
ne t’inquiète pas, je te raccompagnerai jusqu’à ce que tu reconnaisses ton chemin, à tout à l’heure

12.04.09, 18h16
18h30 à ton bureau demain, d’accord, avec une clé usb, à demain

16.04.09, 18h40
belle soirée calme à toi

17.04.09, 12h25
bonjour, pour vous dire que le code de la porte d’entrée changera à partir du 15 mai, bien à vous

21.04.09, 11h21
bonjour, un petit café du coté du TNB, dans l’heure qui vient, serait-ce possible pour toi

21.04.09, 21h40
je suis à Rennes figure-toi mais ne sais pas de quoi demain soir sera fait, je te rappelle demain

25.04.09, 16h01
et merci et beau jour à vous

27.04.09, 14h56
merci de prendre contact avec moi au plus vite

28.04.09, 11h01
sans réaction de votre part, j’engagerai la suite judiciaire nécessaire

28.04.09, 12h02
finalement je passerai demain, est-ce que c’est bon pour toi

29.04.09, 15h35
et des pensées vers tous les quatre, à très bientôt

30.04.09, 10h06
viens de recevoir et d’écouter, grand oui, à très bientôt

30.04.09 16h31
suis à Nantes, te dis bonjour et à bientôt

03.05.09, 10h02
bonjour, peux-tu me dire pour le dimanche 24 mai si le soir c’est possible pour toi

03.05.09, 16h36
bonjour, désolé mais je rentre demain, je t’embrasse

03.05.09, 16h38
bien reçu et noté, belle journée à toi

03.05.09, 18h00
vous vous doutez bien que votre réponse ne me satisfait pas, à l’exception de la perspective que vous quittiez le studio, j’attends toujours de vous que vous me payiez les loyers que vous me devez, à moins que vous n’envisagiez votre départ du studio très rapidement, je n’abandonne en rien la possible voie judiciaire, que comptez-vous faire, appelez-moi urgemment

05.05.09, 10h02
à tout de suite

05.05.09, 16h46
peux-tu demander à quelqu’un s’il peut amener une caméra vidéo

05.05.09, 16h54
quelqu’un d’ici

06.05.09, 11h25
bonjour, je suis sur la route, je pense arriver en milieu ou fin d’après-midi, à tout à l’heure

07.05.09, 19h21
hélas je suis absent de Nantes, jusqu’au 18

10.05.09, 14h29
voici le numéro de téléphone de quelqu’un

12.05.09, 21h30
eau chaude, frigo, champagne, Internet, tout est okay, à jeudi

13.05.09, 09h15
un peu en retard, j’arrive

13.05.09, 13h03
je t’appelle demain, voyons ça ensemble, je t’embrasse

15.05.09, 12h02
et des pensées pour ce soir, à très bientôt

15.05.09, 13h11
merci merci

19.05.09, 09h57
finalement je ne vais pas venir, ce serait trop la course, je t’embrasse, je vous embrasse

Marc Perrin - Nantes - 21 Mai 2009

Pages

Subscribe to Syndication