O en haut, I en bas, U entre - Lucien Suel
 [un écho ici, et ici, et ici]

Oui, à partir d’un certain âge, je n’ai plus sauté dans mon lit. Oui, le peloton d’exécution est une variante brutale du tatouage. Oui, il m’arrive de marcher sur le trottoir entre une publicité pour des pâtes italiennes et un film pornographique crypté. Oui, mon vêtement sert à me protéger du froid et des voyeurs. Oui mais non, les voyeurs n’ont pas toujours une bonne vue. Oui, je suis enfermé dans ma peau comme un saucisson. Oui, je coupe la poire en deux et les cheveux en quatre. Oui, je peux m’étrangler en aspirant l’aspirine. Maintenant ma bouche s’ouvre et se ferme pour dire oui. Oui, mais non, le sperme de baleine n’est pas soluble dans l’eau. Oui, j’admire les gens qui utilisent tous leurs doigts sur un clavier. Oui, mais non, on ne publie ni le cours de la pipe ni celui du haschisch. Oui, j’achète des pots en plastique sur lesquels est imprimé le mot nature. Oui, maintenant, vivre simplement est compliqué. Oui ou non, je pense que la mort est la séparation de l’âme et du corps. Maintenant, je regarde distraitement le plan d’évacuation des locaux. Oui mais non, la table des matières n’est pas toujours signalée. Oui, j’essaie de perdre du poids en montant régulièrement sur la balance. Oui, les guerres s’arrêtent le week-end et les jours fériés. Oui, les journalistes s’efforcent de dire la vérité. Oui mais non, je ne copine pas avec les écrivains morts. Oui, j’attends le jugement dernier et les résultats du loto. Oui, je crois qu’on peut lire le russe en regardant dans un miroir confusément. Oui, certains moines, oui, ok, jouent du piano sous la contrainte.
 

Lucien Suel - La Tiremande - 15 Mai 2009
Subscribe to Syndication