Trépigna la princesse - Françoise Valéry
 

Aboya Zazie, les yeux au ciel.
Admit la Belle au bois dormant sans ciller.
Affirma Frankenstein affligé.
Amorça Hutch en claquant la porte.
Ânonna Laurel d’une voix synthétique.
Annonça Billy the Kid en éteignant la radio.
Argua Rahan en déboulant.
Articula Betty Boop, mignonne.
Assena Daffy Duck en surgissant.
Avança le Petit Poucet.
Avoua Maigret, sarcastique.
Bégaya Gaston Lagaffe, l’air de rien.
Beugla Spiderman en s’arrachant.
Bouillit Pluto, empêtré.
Brailla Cruella, échevelée.
Bredouilla Ali-Baba dans sa jarre.
Chuchota sobrement Alice détective.
Cingla Ma sorcière bien-aimée.
Claironna Starsky.
Clama la fée Clochette en désespoir de cause.
Conclut impatiemment Fantomette.
Confia Rouletabille.
Considéra Jeha le sage.
Conta Bécassine en cuisine.
Continua Goldorak, louchant sur la schtroumpfette.
Contra le capitaine Nemo d’un ton sans réplique.
Corrigea Barbapapa.
Cracha Austin Powers, belliqueux.
Crâna l’Inspecteur Gadget.
Débita Charlot tout de go.
Déclarèrent les Shaddocks.
Déglutit Fletch sans lâcher son gun.
Demanda platement James Bond.
Démentit le Touriste avec un rire sans joie.
Détailla la Jeune fille à la perle.
Distingua la Bergère, du haut de son étagère.
Dit Albator, prenant la mouche.
Embraya le capitaine Achab, sans chaleur.
Entonna Chen à la cantonnade.
Énuméra l’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau.
Éructa le Métallurgiste bourru.
Éternua placidement Snoopy.
Explosa Grominet, sans attendre.
Fit Cendrillon dans un sourire.
Fulmina le Dr Evil.
Glapit Sidney Bristow, surprise.
Grelotta la Petite marchande d’allumettes.
Grimaça Lolita, perplexe.
Grinça Pollux, cachant bien son manège.
Grommela Tintin au moment opportun.
Grogna nerveusement Adamsberg.
Gronda Barbe Bleue, attristé.
Gueula Nero Wolfe, affalé.
Harangua brusquement Meyer Meyer.
Hurla Bonnie à l’adresse de Clyde.
Imita Fifi Brindacier, farceuse.
Intima Miss Blandish, à la surprise générale.
Ironisa l’Homme qui tombe à pic.
Jura solennellement Wonder-Woman.
Laissa échapper John Barton Wolgamot.
Livra Melody Nelson, sibylline.
Mâchouilla Rambo, toujours immobile.
Marmonna Obélix, dubitatif.
Martela Pepe Carvalho en faisant irruption.
Maugréa le Jeune poète, abandonnant ses lettres.
Menaça Martine à l’aéroport.
Mentionna dignement le Petit Prince.
Mentit le Prisonnier.
Miaula joyeusement Barbarella.
Minauda Alice au pays des merveilles.
Mugit le Coyote en décollant.
Murmura Blanche-Neige à l’adresse des oiseaux.
Nasilla l’Alinéa, droit dans ses bottes.
Opina Pinocchio, désabusé.
Pinailla Jeckyll sur le retour.
Plaça Cendrillon, touchée.
Plaida sans détour le capitaine Haddock.
Postillonna Merlin l’enchanteur, émoustillé.
Pouffa Speedy Gonzales étourdiment.
Prédirent les Sept nains.
Présuma le Mari de la coiffeuse, fin saoûl.
Prétendit M le Maudit, convaincant.
Quémanda la Méchante Reine déguisée en vieille dame.
Ragèrent les Drôles de Dames en déambulant.
Rayonna Peter Pan.
Répéta la Petite sirène, les yeux dans le vague.
Répliqua Bartelby, laconique.
Répondit calmement Moumine le Troll.
Reprit Rocky, d’un seul trait.
Rétorqua Maroussia, nouant son tablier.
Revendiqua Corto Maltese, très digne.
Ronronna Milady en enfilant ses perles.
Rouspéta le Capitaine Caverne.
Serina Sancho Pança.
Siffla San Antonio à brûle-pourpoint.
Sollicita Picsou, sardonique.
Soliloqua Lucky Luke dans le couchant.
Souligna Robin des Bois.
Suggéra Magoo, opiniâtre.
Sursauta l’Homme qui valait 3 milliards.
Sussurra Cheherazade derrière son fin voile.
Tempêta Caliméro, excédé.
Tonna résolument le Grand Schtroumpf.
Toussota Zorro dans sa cape.
Trépigna la Princesse au petit pois, contusionnée.
Valida vivement Bip-Bip.
Vanta le Grand Méchant Cochon.
Vibra la Petite poule rousse.
Vitupéra vertement Marge Simpson.
Vociféra Tarzan, mécontent.
Zézaya timidement Mickey Mouse.

Françoise Valéry - Bordeaux - 10 Septembre 2010
Dans l'idiome - Vincent Tholomé
 [un écho ici]

 

 

mode d'emploi à l'usage de ceux qui DANS L'IDIOME (1) viennent 

 

 

 

 

1. Prendre un objet verbal ou parlant existant

 

 

http://www.cequisecret.net/oui097

 

 

 

 

2. En garder le vif

 

 

lumière soudain branlante
pourtant si bien dressés les uns contre les autres
assemblage
ignorant quand cela commença
avions appris à faire danser nos dépouilles
sur un autre versant du temps
nous n'avions qu'à bégayer bégayer sans cesse pour parler de  notre temps
noyés engloutis dans l'idiome
au hasard n'obéissant à aucune loi aucun ordre
franchissions des portes allant de seuil en seuil
inlassablement sur la piste de ce que nous supposons être  habiter le présent
nous remplissons notre légère existence les objets que nous  touchons
nous adressons aux morts des saluts amicaux
d'un geste tendre nous les enveloppons de paroles  réconfortantes
nous tombons dans la poussière la boue les flocons légers  copeaux fragments nous tombons
nous sommes cibles prenant d'autres pour cibles
nous cherchons asile pour nos exils intérieurs
la nuit déploie son pas
la verdure nous l'aimons exubérante et grasse les animaux  couleur de mousse
comment sera l'amour à la fin des nuits
la mort nous fauche-t-elle dans l'indifférence ou bien en nous  parlant doucement avec autant d'amour qu'elle peut  expliquant ce qu'elle fait
se dérobe-t-elle la terre sous nos pieds faute de l'avoir aimée
nos corps sont devenus syntaxe
ne sommes-nous pas éleveurs de poussière gardiens d'une  parole fidèle contagieuse et qui prolifère
couvés par le soleil nous nous sommes réfugiés dans la tanière  du sommeil
traquer revolver au poing les fossoyeurs du sens
où sont-ils ceux qui n'ont pas été ensevelis ceux qui n'ont pas  été dénombrés les enfants non-nés que nous avons  aimés
nous laisseront-ils nous reposer dans nos blessures ressentir  un tourment semblable à de la joie
il nous faut tout inventer jusqu'aux atomes
ajouter des pays des mers

 

 

 

 

3. L'épicer à sa façon

 


Trois nuits successives dans la steppe

 

 

1.

ami. amie. regarde. il nous faut tout inventer. jusqu'aux atomes. ajouter des pays aux mers. nous envelopper tous les soirs de paroles réconfortantes. briser nos coquilles. faire danser nos débris. nos dépouilles. chercher ainsi des asiles. déployer nos pas. élever devant nous des nuages de poussières. ami. amie. vois comment nos paroles sont contagieuses. et comment elles engendrent. s'engendrant l'une l'autre. fauchant à la longue les plus dures résistances. car il nous faut nous vaincre nous-mêmes. ami. amie. vois. nous sommes notre pire ennemi. nous nous parlons doucement. n'obéissons à aucune loi. aucun ordre. écoute comme tout nous vient dans l'exubérance. la bonne humeur. nos enfants sont ici sans nombre. vois comment nous nous multiplions. comment nos corps deviennent syntaxe. ami. amie. vois comme tout ceci est admirable. comme la terre et la misère se dérobent sous nos pieds. nous vivons dans l'éternelle verdure. petites cibles faciles pourtant. qui nous écoute est un flocon léger. ami. ne l'oublie pas. nous nous réfugions dans les tanières du verbe. les forges du souffle. amie. écoute leur travail. toi aussi tu peux être une herbe proliférante. sache-le. ami. amie. nous sommes des carcasses bégayantes. nous dressant les uns contre les autres. nous ébranlons les lumières. les certitudes. nous parlons de notre temps. nos paroles sont fidèles. nous nous noyons. l'ami. ouvrons des portes. laissons naître nos exils intérieurs. l'amie. faisons basculer les choses. les êtres et les choses. sur un autre versant du temps. nous suivons une piste étroite. nous sommes sans fatigue. nous ignorons quand et comment cela commença. des dépouilles dansent devant nous. nous apprécions les bêtes couleur de mousse et les pelouses rases. nous laissons choir en petits copeaux. la pluie ne nous atteint pas. nous sommes formidables. indomptables. ingérables. nos tourments sont peut-être les tiens. ami. amie. nous te touchons d'un geste amical. nous ajoutons des pierres aux pierres. nous agissons. quelque part. entre le sommeil et les rêves.

 

 

2.

ami. amie. écoute bien ceci. nous parlons. ouvrons simplement la bouche. laissons choir. déverser. droit devant. dans le noir. de multiples lignes. associant au hasard les choses. les affaires. la syntaxe. déversant nos petites grappes. folles et compactes. fous et compacts flocons de neige légers. poussières. pollens. bois avec nous cette soupe. lape-la du bout des lèvres. c'est pour toi que nous plions nos carcasses. nos sacs d'os. prenons des poses insensées. nous cassant le dos accroupis sous les lavabos. les petits coins sanitaires. usant de nos mains ouvrières pour dévisser. démonter l'assemblage complexe des tubes et des coudes. des tuyauteries de plastique et de plomb. c'est pour toi que nous collons nos bouches. nos oreilles. au bord des gouffres. dans le noir d'un réseau de plomberie. se perdant déversant dans les murs. les carapaces de bois. ami. amie. écoute. nous voulons que tu saches. retiennes. toutes ces choses. propos insensés. demi-vérités. inventées à mesure. susurrées à mesure que nous parlons. déversons dans le noir des tubes. en secret. toutes ces choses. rapportant l'un à l'autre nos méfaits. rappelant nos actions. nos sales coups de sauvages. nos sales coups de sales types. cherchons dans le fond à fuir le noir. le sombre présent. l'oppression du temps. déversant. nous autres. d'une cellule à l'autre. nos affaires. cavalcades rocambolesques. impossibles chevauchées. dans la steppe. les prairies planes et rases de Sibérie. nos lignes sont des lumières. ami. amie. nous ne faisons que les suivre. ces routes. ces chaussées défoncées. elles se plient. se replient. à mesure. comme nous déployons tout notre art du dire dans l'espace. droit devant. balançant dans les airs nos guirlandes clignotantes.

 

 

3.

ami. amie. nos paroles sortent en trombe des bondes. se mêlent joyeusement pour toi l'une à l'autre. se tiennent. pour ainsi dire. par la main. improvisant devant nous. devant toi et nous. une ronde. un petit pas de danse. ami. amie. conviens-en. il y a pire. nous prenons peu de place. nous sommes maintenant des coquilles. nous sommes presque vides. revenant près de toi nuit après nuit. mêlant sans cesse nos lignes. nos souvenirs. inventés à mesure. arrangés. tout cela tient en un nuage. une fumée discrètement parfumée. en quoi cela te dérangerait-il de nous entendre. permets-nous. ici. de susurrer. reprendre à l'infini ces choses. ces parfaits champs de graminées. ces cavalcades de moutons blancs. les soubresauts rieurs des saumons frais et gais dans les rivières. ami. amie. conviens-en. nous ne sommes que des restes. les ombres de nous-mêmes. nous cascadons devant toi dans le vide. nous buvons du petit lait. nous contentons d'un fromage. nous tenant mutuellement le soir en haleine. suçant l'un l'autre nos carcasses. nous échafaudons des vies splendides. les déversant pour toi. droit devant. ami. amie. conviens-en. nous occupons peu d'espace. nous prenons peu de temps. nos petits rus sont gais et rafraîchissants. nous traquons pour toi les meilleures histoires. parcourant à rebours la steppe. nous roulant à nouveau dans la poussière. évitant les pièges des ennemis. les trappes s'ouvrant. brusquement. dans les sols gelés. les toundras de Sibérie. nos inventions tiennent la route. nous laissons courir des rumeurs. une infinité de choses arrive. prend naissance pour toi. Devant toi. dans nos mots. nos syntaxes fluides. dissociant le meilleur du pire. ami. amie. conviens-en. tu ressors d'ici ragaillardi. sifflotant joyeusement un air. tu te mêles à nos lignes. tètes à nos seins. graisses avec nous nos bottines. nos pétoires mortelles. traquant avec nous. toute la nuit. revolver au poing. les fossoyeurs du sens.

 

 

 

_

 

 

 

mode d'emploi pour ceux qui DANS L'IDIOME (2) viennent

 

 

 

 

1. Prendre un objet verbal ou parlant existant

 

 

http://www.cequisecret.net/oui097

 

 

 

 

2. En extraire l'essence

 

 

nous enveloppons de paroles réconfortantes

nous tombons dans la poussière la boue flocons légers copeaux fragments nous tombons

nous sommes cibles prenant d'autres pour cibles

nous cherchons asile pour nos exils intérieurs

déploie son pas

lumière soudain tremblante

pourtant si bien dressés les uns contre les autres

assemblage

ignorant quand cela commença

avions appris à faire danser nos dépouilles

sur un autre versant du temps

nous n'avions qu'à bégayer bégayer sans cesse pour parler de notre temps

noyés engloutis dans l'idiome

au hasard n'obéissant à aucune loi aucun ordre

franchissant des portes allant de seuil en seuil

inlassablement sur la piste de ce que nous supposons être habiter le temps

nous remplissons de notre légère existence les objets que nous touchons

nous adressons aux morts des saluts amicaux d'un geste tendre

la verdure nous l'aimons exubérante et grasse les animaux couleur de mousse

la mort nous fauche-t-elle dans l'indifférence ou bien en nous parlant doucement avec autant d'amour qu'elle peut expliquant ce qu'elle fait

nos corps sont devenus syntaxes

ne sommes-nous pas éleveurs de poussière gardiens d'une parole fidèle contagieuse et qui prolifère

couvés par le soleil nous nous sommes réfugiés dans la tanière du sommeil

traquer revolver au poing les fossoyeurs du sens

où sont-ils ceux qui n'ont pas été ensevelis ceux qui n'ont pas été dénombrés les enfants non-nés que nous avons aimés

nous laisseront-ils nous reposer dans nos blessures ressentir un tourment semblable à de la joie

il nous faut tout inventer jusqu'aux atomes

ajouter des pays aux mers

 

 

 

 

3. Briser les coquilles

 

 

 

 

 

 

 

4. Rassembler les morceaux

 

 

 

 

 

 

 

5. Tirer une carte

 

 

échos fantomatiques

 

fantômes échotiques

 

 

 

 

 

6. Développer naturellement la chose

 

 

pluie

 

 

et pluie tombant
en trombe
de pluie tombant
battante depuis des heures
la trombe de
pluie trempant
les sols
déjà trempés pourtant
déjà tremblants
la
tremblante pluie
tombant en
trombe
sur les
sols
déjà trempant
les sols déjà
mouillés
trempés tremblante
pluie tombant
comme un baume
en trombe
comme sortie en trombe d'un tube
tombant
alors
toute allure
trempant les sols
déjà lourds déjà
pluie
tombant drue
soudain pesante
et
pesant lourd
sur les
sols
soudain
détrempés
tombant en trombe
s'effritant
comme sortis
d'un tube
un baume
soudain
trempant les sols
et les êtres
maintenant lourds
déjà
mouillés
trempés
s'effritant sur les
sols
comme ils courent
frissonnant
sur les sols
lourds
détrempés
comme sortis de tubes
et tombant
dur et
drûment
sur les sols
comme ils courraient
ces êtres trempés
détrempés par
la pluie
présente
occupant le terrain
tout l'espace
pluie soudain battante
et tombant dur et
drûment
trempant les êtres
les bêtes grouillantes
courant en trombe
ras-du-sol
les êtres et les sols
trempés déjà
mouillés
les airs
comme un baume
lourd et s'effritant
il tomberait
drûment depuis
des heures
mouillant nos
dos de bêtes
et d'êtres
tremblants et
tombant lourd
ras-du-sol
déjà trempant
nos pieds
nos orteils
déjà mouillés
et pesant lourd
pluie
en battements d'aile
gorgeant les
êtres sourds
les insectes grouillant
tremblant sortis
fissa des failles
des sols
et des fissures
des murs
flocons fragiles
sortis en trombe
des tubes de terre
noyés déjà
submergés par
toutes ces eaux fragiles
et grouillantes et
tombant lourdes
dans les airs
comme des anges
depuis des
heures
pluie
et pluie
battante
battant des ailes
en trombe
et tombant drue
il n'y en aurait plus que pour elle
tombant
drûment
dans nos impasses
et nos exils intérieurs
pluie battant
comme si
les airs
s'effritaient
nous trempant
détrempant
provisoirement
nous autres
déjà mouillés
nous maintenant
dans l'éphémère
la nécessaire proximité
des bêtes
nous réduisant
provisoirement
à la lourdeur
des bêtes
ras-du-sol
des insectes sourds
à eux-mêmes
à tout ce qui se passerait
à l'intérieur
pluie
soudain
occupant le terrain
provisoirement
battant des ailes
comme
un ange
gorgeant les êtres
et les sols
trempant déjà
nos orteils
et nous pressant
à l'abandon
coincés nous autres
dans les impasses
et les exils intérieurs
tombant en trombe
sur nos dos
sortis fissa
provisoirement et
martelant les sols
les terres fragiles
et comme
noyés dans nos sacoches
nos sacs de peaux
soudain percés
et prenant l'eau

 

 

 

 

Vincent Tholomé - Namur - 10 Septembre 2010
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